Sébastien Lagrue a remporté en début de semaine le premier championnat du monde de la chocolatine à Toulouse. Pour cet artisan installé depuis 28 ans en Val d’Azun c’est la reconnaissance d’un savoir-faire authentique.
Les deux boutiques Aux délices de Sophie et Sébastien, à Argelès-Gazost et Arras-en-Lavedan (Hautes-Pyrénées) ne désemplissent pas depuis ce lundi. Et au fournil, Sébastien Lagrue a du mal à fournir ! Depuis qu’il a été sacré champion du monde de la chocolatine à Toulouse en début de semaine, ses ventes ont explosé : « Ça représente chaque jour en chocolatine ce que je faisais avant en deux semaines ! » Les curieux (et les gourmands) n’hésitent pas à venir de loin : de Bordeaux, Nantes, du Gers et même des touristes étrangers de passage qui ont entendu parler de son exploit.
La défense d’un savoir-faire
Pour ces premiers championnats du monde, 35 boulangers se sont affrontés, ils devaient réaliser une douzaine de chocolatines « classiques » au poids imposé, et une deuxième série de chocolatines « revisitées ». Sébastien Lagrue a proposé la « tcho’cocolatine », « une pâte à croissant avec un sucre muscovado plutôt que du sucre blanc, c’est un sucre de canne non raffiné et non cristallisé. J’aime bien parce qu’il est très pur, riche en sels minéraux et vitamines, c’est un bon produit et c’est important. J’ai ajouté un crémeux noix de coco, ananas. Et pour remplacer la barre de chocolat, du chocolat noisette. Par-dessus, j’ai fait une enveloppe striée bicolore chocolat et nature, le tout caramélisé à la fève tonka. C’était un peu exotique, un beau mariage et ça a plu. »
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Pour Sébastien Lagrue, si cette coupe du monde était à l’origine un concours un peu loufoque construit autour de la guéguerre chocolatine / pain au chocolat, elle est devenue beaucoup plus sérieuse depuis qu’il a compris l’ampleur de la chose : « C’est de la folie, j’ai un ami à New-York qui me dit que dans les journaux spécialisés ils en parlent et qu’il y a mon nom ! Un autre en mission au Chili me dit qu’on lui a parlé de ça, cela a une résonance incroyable ».
Et le boulanger veut profiter de cette vitrine pour défendre son art : « Je me sens porteur d’un message encore plus fort, je suis passionné par ce métier de tourier (celui du travail de la pâte feuilletée propre à la viennoiserie, NDLR), et je veux le défendre, défendre cet artisanat de la boulangerie mis à mal part tous les produits congelés. Des pays du monde entier envient la France pour la viennoiserie et la chocolatine en particulier, font des kilomètres pour venir goûter et apprendre, c’est dommage que la première chose qu’ils goûtent en arrivant à l’aéroport ce soit du congelé. Quelque part je me sens ambassadeur de cette viennoiserie de qualité, et je vais la défendre. »
Un sacré coup de pub
Sébastien Lagrue et sa femme ont repris la boulangerie familiale en 2013, ils sont la 3e génération d’une famille boulangère installée depuis 70 ans. Depuis quelque jours, la boulangerie où 11 personnes travaillent fait la fierté du Val d’Azun. Même le maire d’Arras-en-Lavedan, Charles Legrand, vient s’y approvisionner en chocolatines : « On est très fier, on croyait, mais on est étonné du retour de visibilité de l’annonce, de ce buzz mondial. Je suis très content pour Sébastien, un boulanger de tradition qui travaille dans l’excellence, tout le village est content, et on va essayer d’organiser une fête à la hauteur de l’événement ! »
Pareil pour Jeanne et Monique, deux amies, habituées de la boutique de Sébastien Lagrue. « J’étais déjà cliente quand le beau-père faisait les tournées dans les villages », assure Jeanne, « bien sûr qu’on venait déjà, enchaîne Monique, on trouvait déjà les chocolatines très bonnes avant qu’elles gagnent, maintenant on va les trouver encore meilleures ! » Tous les jours, ou presque, elles s’offrent ce plaisir sucré… qu’elles consomment souvent quasi instantanément. « Elles sont légères, le feuilleté a un doigté spécial parce que c’est très croustillant et parfumé, détaille Jeanne. Quand en plus elles sont chaudes c’est un vrai régal ![…] Surtout quand on est addict au chocolat »,conclut Monique.
La chocolatine supplante le pain au chocolat… au moins pour un an !
« Il y avait des représentants des deux appellations, rigole Sébastien Lagrue, mais nous c’est le Sud-Ouest et la team chocolatine qui l’a emporté, la chocolatine en force ! »
Source : www.francebleu.fr